Rendez vous autoentreprise

Aujourd'hui, mes chers petits, je vais vous narrer la fabuleuse aventure qu'est l'auto-entreprenariat. 

Depuis 2015, il est obligatoire de passer une formation obligatoire d'obligation pour se mettre à son compte. Cette formation est essentielle car nous y apprenons des informations de survie comme par exemple le fait de ne JAMAIS ouvrir un salon de coiffure juste à côté d'un autre salon de coiffure car sinon bla bla bla, bla concurrence bla bla bla, ou bien qu'avant de s'engager dans un tel projet, il faut savoir si cette activité va être rentable, oui oui. Moi par exemple, j'avais prévu d'ouvrir ma boutique de dentifrice entre deux autres boutiques de dentifrice et je n'avais pas pensé au fait que ce soit rentable ou non. Comme quoi, ce sont des choses toutes bêtes qui nécessitent un soutient particulier, et la chambre des métiers est là pour ça. 

J'aurais dû partir des lors que l'animatrice a prononcé 3 fois dans le même quart d'heure le mot "pécule". Mais sur le moment j'ai pas tilté, j'entendais "PQ" je trouvais ça marrant.

Mon calvaire a duré bien trop longtemps entre trois hippies qui sentaient la pisse chaude et qui avaient des morceaux de shit coincés dans chacun de leurs ongles rongés. Maintenant je sais que dans les dreads locks, il y'a véritablement de la vie. J'ai longuement observé tout ça, et j'en ai rédigé un doux poème qui traite sur la condition du pou en milieu naturel. Mais ce sera pour un autre jour.

Les propos et dialogues ont été recensés sans tricher, dans leur plus fière vérité, en faisant mine de prendre des notes pour me donner l'air intéressée. Les hippies à côté de moi ont essayé de copier mes notes, j'ai failli mettre un classeur entre nous, mais je n'en avais pas.

Ils ont alors commencé un concours de dessin. Ils m'ont battue avec leur superbe feuille de cannabis dessinée en relief au stylo bic. Bref.

Une fille m'a accostée, pour me parler de secrétariat, et du fait que son cousin ne la payait pas parce qu'elle n'était pas déclarée alors qu'elle faisait ses papiers tous les week ends en plus de son activité principale, mais j'ai pas écouté la suite car elle portait des ballerines marrons vernies sur des collants marrons vernis. Le spectacle était trop prenant.

Quand l'animatrice a parlé du fait que si les gens n'avaient pas de diplôme spécifique à leur activité qu'il leur fallait au moins la preuve d'avoir été employé par une société similaire à leur activité pendant au moins 36 mois. Soit 3 ans. Sur ce, une femme a rebondit, en levant la main comme à l'école pour dire à haute voix qu'elle avait travaillé 6 mois et a demandé si "c'était bon ?". S'en est suivi alors 40 minutes supplémentaires pour expliquer que 3 ans c'était 36 mois, et non pas 6 mois. La femme surenchérissait en précisant "oui, j'ai travaillé 6 mois mais à MONACO, c'est bon ?". Et plus les heures défilaient paisiblement, plus ma barbe poussait.

La barbe, c'est l'expression du temps qui passe, on utilisait cette expression très souvent au lycée pendant les cours infinis de littérature.

Mais ça marche aussi avec l'observation de ses ongles qui poussent à vue d'oeil. Voilà, j'vais pas vous faire un dessin quoi.

Ce jour là, ma barbe a poussé trop longtemps.

Les gens globalement n'étaient pas racistes, mais un peu quand même. Un vieux monsieur maghrébin a demandé poliment avec des mots dans le désordre et un accent farouche (je vous laisse imaginer ce qu'est un accent farouche) après que l'animatrice ait parlé "d'exonération de charges" si ca voulait dire que... bref j'ai pas compris sa question, mais en gros il avait pas très bien compris ce que ça voulait dire. L'animatrice lui a répondu très poliment aussi que "l'exonération des charges ça voulait dire qu'il serait exonéré de charge" comme ça se prononce quoi.

C'est super sympa de se mettre à la portée des gens. Vraiment. Pourquoi lui expliquer avec des mots simples que ça veut juste dire qu'il ne paierai pas de charge ? C'est pas assez drôle sinon.

Voili voilou, j'ai fini de cracher mon venin, je peux aller dîner tranquillement, bisous.

EN PAIX AVEC MOI MEME.